Poème:Il Fallait Attendre La Paix

Moi qui viens de l’est depuis ces états unis.
Toi qui es cloîtré à l’autre bout dans l’URSS.
Quelle est notre différence ? Sommes-nous de la même espèce ?
Deux peuples aux antipodes dont deux êtres que le hasard allie.

Je suis venue, je suis restée, et j’ai fui.
Tu ne m’as pas reconnu, même pas vu.
T’harceler en te cherchant n’était pas un abus.
Il fallut des années pour qu’on remarque une analogie.

Et j’ai attendu que le communisme soit cloué et arrêté
Pour revenir enfin te dire mes libres pensées.
Nous ne sommes pas des héritiers d’un ancien empire,
Juste deux exclus qui partagent ce que l’amour nous inspire.

Tu n’accompagnais pas leur ambition de verser le sang.
Il suffit souvent d’un mensonge pour être sûr de n’importe quoi.
Alors que la vie comptait plus pour nous que la guerre et son poids,
Nous n’avions pas choisi cette époque de fous menaçants.

Il fallait attendre… À quel prix ? La vieillesse me ronge.
Je te manquais, c’est déjà assez après m’avoir effleuré du regard.
Tu y vivais mal sans protection, soumise. Il fallait que tu te barres !
Partir vers l’inconnu, prendre le risque du déni, avoir de bons enjeux…

Malgré tous tes recours, je n’ai pas pu venir à ton secours.
Lorsque tu en avais besoin, j’étais encore si loin.
On t’avait repéré. Aucun témoin. Jamais tu ne m’as rejoint.
C’est à présent à un monde sourd que j’hurle dans de banales discours…