Prose:Créativité Bitumée

Horace aurait pu être le précurseur d’une pensée d’équité. Manon aurait pu subjuguer le monde d’une danse étoilée. On aurait pu lire les textes de Camille mille ans plus tard, en considérant les mots comme des mythes. Jean aurait trouver le moyen de rentabiliser un produit sans exploitation. Audrey aurait pu vivre heureuse. Malheureusement aucun ne fut valorisé. Parce que leurs vies n’avaient pas de goût pour compter, parce que le participe des verbes transitifs était un casse-tête pour ces méninges évadés, parce que leurs techniques ne sont pas celles exigées.
Ils ont buté quand on leur a parlé de réussite. Si réussite se note 20/20, ils ont tous échoué… pourtant s’il y a un échec quelque part, c’est l’humanité qui l’a réussit : passer à côté des vendeurs de rêves parce qu’on leur demande du concret.
Oui Audrey aurait pu vivre heureuse, si on n’avait pas reproché son différent, si elle l’avait vu comme un talent… Mais on lui a apprit que faire les choses de sa manière est mauvais, que la bonne manière est celle qu’on lui dicte. Personne n’a vraiment donné d’intérêt à ce que sa manière pouvait apporter. « Ce n’est pas la manière adoptée, donc elle est mauvaise »
C’est à coup de créativité, c’est à coup d’essayer et de se tromper qu’on découvre les manières de faire autrement. Il y a autant de manière de faire qu’il n’y a d’idée pour les proposer, alors préjuger qu’elles sont mauvaises est forcément un frein à leurs réalisations, à leurs considérations. Si la mécanique de la pensée doit se calquer sur les précédentes… on fait comment pour découvrir ?
L’humanité s’est enfermée dans un sas de l’interprétation, de la connaissance. Où serait-on si Descartes avait suivit un cursus de forgeron ? Y a-t-il vraiment plus de valeur à trier des papiers qu’à en dessiner ? L’enfant apporte son objectivité et toute sa créativité, et qu’est ce qu’on en retient ? Des gamineries qui nous écœurent… alors que ça aurait pu être le meilleur moyen de ne plus déprimer. Mais non, l’enfant ne sait pas ce qu’on sait, alors il doit suivre la voie qu’on lui donne, il doit faire comme nous…
N’êtes vous pas inquiet d’enseigner nos propres erreurs en tant que valeurs parfaites ? Et pourquoi l’enfant ne pourrait pas avoir le droit d’être chocolatier, le droit d’être ingénieur des « notions inutiles » ? Car celui que vous condamnez à remplir des papiers payés avec trois zéros, à pointer la loi pour jouer avec le sort d’autrui, à faire ce qu’il ne veut pas pour un salaire haute gamme ; celui là aurait pu trouver ce qui vous tracasse depuis des années, aurait pu vous faire découvrir des sentiments que ne pourrez jamais sentir autrement, aurait pu changer votre vie d’un coup de pinceau… Mais non… il a fallut que vous le rattrapiez… il a fallut que vous lui tiriez les oreilles, pour lui crier que ses choix ne sont pas des bons, que vous seuls savez ce qu’il lui faut : un 20/20 dans toute la matière, trois diplômes de réussite validée, un exemple de la fierté de l’état…
Pauvre de nous ce que nous perdons chaque année, l’infinie de ces esprits créatifs, pour en faire des générations d’égarés…

Les chefs d’œuvre viennent d’esprits qui ont choisit d’eux même ce qu’ils iraient faire.