Poème:La Folie

Je suis venu au monde sans rien vous demander
Subissant la faconde d’un ordre aseptisé ;
Je fus embrigadé, dressé et formaté,
Obéissant à souhait aux préceptes imposés.
J’ai grandi à vos pieds sans trop vous déranger
Vous laissant me guider en maitres incontestés ;
Je n’ai jamais cessé d’acquiescer vos idées
Songeant qu’il m’importait, simplement de marcher.
Je fus un bon soldat, pensant que défiler
Était un juste état, seule façon d’exister ;
Je fus simple quidam, toujours obéissant,
Portant vos oriflammes en brigadier vaillant…
Et puis vint un matin où elle me prit la main
Cette envie de voler loin de vos nids douillets,
Une idée farfelue qui certes vous déplut,
Qui me fit à vos yeux devenir dangereux.
Depuis je n’ai de cesse de dénoncer l’ivresse
De vos propos guerriers, vos prières enfammées ;
Je prône et je professe l’amour et la joliesse
D’un monde émancipé, unis et coloré.
Depuis je vais sans fin par mille et un chemins
Dénoncer vos excès, vos mensonges éhontés ;
Je ne suis devenu qu’un renégat exclu
Que vos sbires mandatés aimeraient voir cloué…
J’ai, la folie de rêver ;
Faut il pour cela m’interner ?
J’ai, la folie de penser ;
Faut il pour cela m’emprisonner ?
J’ai, la folie de parler ;
Faut il pour cela me bâillonner ?
Je sais,
La folie vous fait peur, messieurs les censeurs.

Manu Edouard Moulin