Prose:Le Dormeur,

Dormeur
As dans le cœur
Un coin planté de sa douleur
Il ne sait la déloger
Cette pointe est
Sa dulcinée.

Dormeur,
Dors-tu
Et où iras-tu
Quand ton âme sœur
Se fera la belle avec ton cœur ?

En faux frère,
Riras-tu de cette infortune ?
Ou aimeras-tu t’y complaire,
Dans cette fange inopportune
et l’abandon dans le sommeil ?

…

Dormeur
As dans le cœur
Plus d’un surplis de gros temps
Tant il a de peurs…
Lors que jadis furent
Joies pourtant.

Dormeur
Embarrasse la vie
Elle s’en lasse bien vite…
De cet olibrius qui a tout du minus…

Dormeur
Rumine fort dans sa tête :
Ses tracas, ses désirs… ses comètes
Tous ensemble à pareille fête
Un tas de filles blettes.

Dormeur
Vit le souffle de Mort
Dans son âme de condor
Déchu de son paraître,
Dormeur va paître…
Seul.

Dormeur
As plus d’un tour dans son sac
Et des trucs et des tracs impensables
Des tours de bric à brac
Dans sa besace qu’il nasse
Autour d’un cou qui le tasse.

Dormeur est si tendre.

Dormeur
S’entête encor’
A débusquer ses torts
Il n’a pas fini, le sacripant :
L’air est fini, le Mal, néant…

Dormeur
As dans les tripes
L’essence et la chaleur
Que procure les artifices
Tous enflammés de rancœur.
Lors, jaillit pyrotechnie !

Et en sus
Il accuse
L’égo de naïveté
La boulimie crottée.

Dormeur
As dans les pieds
Des colères à botter
Et des bas d’empoté
A se coltiner en casse-peton…

Dormeur
As dans les mains
La folie de son sang
Et la moelle du dément
A fourbir noires querelles.

… … … … … … …

Dormeur, qu’attends-tu ?
En somme…
Que se cognent les jours,
Qu’ils décèdent aussi ?
Au point du jour partis ?

Qu’attend-il ? cet homme…
Ravis de sa sébile,
Complètement débile.
Attend-il que s’évanouissent les ans,
Qu’air se dissipe enfin ?
Pour y voir clair quand… il n’y a plus rien ?

Que voulez-vous dans la vie ? sot !
Que meurent vos idoles
Et faillissent vos mausolées
Sous des humus croupissants
Qu’on aura eu soin poutant,
Pendant si longtemps…
D’entasser ?

Dormeur…
Dormez-vous ?
Et,
Devons-nous dormir
Comme vous ?

… … … … … … .

Que nous rigolerons
Quand, vous debout,
On se remémorera la noirceur de vos nuits
Passées à dormir
Lors que les-nôtres furent blanches
De minuit à minuit !

Que parlerons-nous à tue-tête
Pour vous réveiller
Et puis pour égayer
Vos rêves en guise de penses-bêtes…

Ce sera joies infinies
Et vous-mêmes êtes là au bord du lit !

Venez dormeur,
L’aube se lève
Il est temps de signer une trêve…