Texte:C’est Le Geste Qui Compte

Voilà que j’apprends, cher ami,
ou qui le fut il y a trente ans d’ici,
que c’est bientôt ton anniversaire.
Voilà le doux et frêle collégien devenu quinquagénaire,
comme elle passe vite, la vie sur terre !
En surfant sur ce site d’internet,
consacré aux anciens amis du Collège,
ce serait pour moi le pire des sacrilèges
que d’oublier le plus gentil, le plus doux des amis.
Un garçon simple, si gentil, au sourire sincère,
des gens comme il y en a peu sur la terre.
Et surtout celui qui m’accompagna
dans cette errance solitaire
quand tout le monde me lâcha,
car je ne savais trop quoi faire :
j’étais au fond un littéraire,
mais il n’y avait pas trop d’avenir ;
alors faire médecine ?
Je te revois marcher avec moi longtemps,
avec cet éternel et jovial sourire,
tu étais un grand ami, vraiment.
Serais-je pire que Judas que de t’oublier ?
Bientôt, ce sera ton anniversaire :
on me propose de te faire
un cadeau virtuel ;
mais moi, je veux t’offrir un cadeau réel ;
grâce à internet, grâce à google,
je te retrouverai mon grand ami,
mais, mais, mais… tant pis, …
car je suis devenu un homme très pauvre !
Un homme pauvre qui veut faire le plus beau cadeau
à son grand et fidèle ami de jeunesse :
quelle immense et terrible détresse !
Ce ne sera pas grand-chose,
un type de cadeau « qui cause »,
enfin, je ne sais, quelque chose…
Et puis non, Poète : cherche après ton ami,
il était un VRAI ami, et sincère,
va jusqu’au bout de la terre.
Ni une Riad au Maroc, ni une piscine en Amérique,
ni le plus coûteux diamant, ni le plus beau yacht,
ni le plus confortable et grand château :
ni un séjour en Equateur,
mais… LE PLUS BEAU DE TOUS LES CADEAUX :
celui qui va droit au coeur !