Poème:Encore Un Matin

A travers mes stores bon marché, les rayons du soleil
Sur mon visage endormi, délicatement viennent se poser.
J’ouvre un oeil, puis l’autre quand au troisième il pleure toujours.
Submergé par le dégoût de cette froide réalité,
Fatigué de compter les jours.

Cette affreuse odeur de tabac froid, le cendrier bondé,
Mes relents d’alcool de la veille,
À la porte qu’est ma bouche, j’entends frapper la nausée.
Ma table basse, ce cimetière, jonché de cadavres de bouteille
Ce triste tableau a mon regard, comme un uppercut assené.

Dans la salle de bain, agressé par la lumière artificielle,
Face au miroir tacheté, j’observe cet étranger
Cherchant la ressemblance, cherchant à me rassurer
Mon esprit tuméfié, maintenant se rappelle
Que ce visage n’est autre que le mien. . Absurdité

La porcelaine du lavabo, elle aussi éméchée
Je parcours de mes yeux froids ses fissures,
Comme une carte routière, A7 direction côte d’azur.
Les joints du carrelage jaunis par l’usure,
Tout comme l’effroyable déni de mon reflet.

Les affres du temps semblent parfois cruels
Au point de rendre impersonnel
L’être que je suis
Las de cette routine incessante, d’un ennui mortel
À quiconque le propose, j’échangerais aisément ma vie.

Me damnerais pour des jours meilleurs,
Volontairement irais frappé aux portes de l’enfer
Dérangeant Belzebuth, Satan ou Lucifer
Signerais de mon sang, de mon âme et de mon cœur
Ce fameux contrat, afin de n’être plus obligé
Encore un instant, d’observer cette douce noirceur.