Prose:Hommage A Ma Soeur

Pour ceux qui ont aimé Jacqueline l’absence est terrible
Elle laisse un grand vide même si sa présence est invisible !
Ses proches restent inconsolables
La vie est belle, aussi exécrable !
Jacqueline avait vraiment le cœur sur la main
Sœur Emmanuelle du secteur, sur son chemin
Parlant aux gens, écoutant leur détresse
Hommes, femmes que la société délaisse !
Jacqueline n’est plus rien, que poussière
Les cendres dispersées par son fils en mer
Pour la famille, les amis, une double peine
La crémation est une pratique inhumaine !
Quelle drôle d’idées que notre sœur a eu !
Partir en fumée, le sujet jamais débattu !
La crémation, c’est le feu de l’enfer…
Les flammes vives dévorent les chairs
Plusieurs minutes suffisent pour réduire l’être mort depuis peu en cendres…
C’est tout ce qui reste de la personne, quelques grammes de poudre à épandre
Les croyants ont une autre vision des choses, pour eux l’âme est immortelle de l’autre côté de la rive
Le feu du crématorium détruit le corps sans laisser le temps à l’esprit de comprendre ce qui lui arrive
La vie de notre sœur s’est terminée étrangement première quinzaine de février deux mille dix
Curieusement, papa est mort le onze février 1957 Triste destin pour le père et la fille repetita bis !
Ma sœur était tourmentée je le suis aussi, sans avoir ses troubles, c’est de famille…
Une enfance malheureuse, perturbée, orphelins de père, la société pas très gentille !
Il nous fallait lutter pour survivre, seuls, abandonnées de tous, sans famille, amis
Ce n’est pas la faute à papa s’il est mort à 46 ans d’un cancer, longue maladie
Pour Jacqueline et moi son frère, Jean-Pierre « les grands » un vrai traumatisme
Aucune aide, aucun soutien moral, affectif, beaucoup de méchanceté, d’ostracisme !
Jacqueline n’existe plus physiquement
La question se pose spirituellement ?
Y a t’il quelque chose après la mort ? nous n’en savons rien…
Son corps entièrement disparu, reste l’amour pour seul lien !
Je revois Jacqueline, j’entends encore sa voix
Le vendredi 3 février 2010 pour la dernière fois !
Pour moi le passé est toujours présent
Ne pouvant imaginer ma sœur, gisant
Moi, Jean-Pierre, le frère aîné de Jacqueline qui vit à l’écart de tout
Je suis ignoré de la famille, passant peut-être pour un vieux fou…
Un poète, un rêveur, un marginal pas trop intégré dans ce monde difficile, dans la société…
Même juste et droit, on n’est pas quelqu’un de recommandable, d’admirable, à fréquenter !
Ma sœur disait que si elle avait une maison au bord de la mer
La famille viendrait l’été pour profiter du soleil, respirer le bon air !
Avec l’argent trouvant des amis, les vacances gratuites, pourquoi se gêner ?
Jacqueline dans son appartement ne se sentait pas très bien, abandonnée
L’esprit de famille n’existe plus, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous !
Les uns et les autres vivent dans leur bulle, une indifférence qui repousse !
Notre sœur s’intéressait à la famille dans sa totalité d’hier à aujourd’hui
L’homme qui oublie d’où il vient, sans mémoire, meurt, tant pis pour lui…
Jacqueline à rejoint au moment fatidique, le royaume des cieux…
Les parents, les grands-parents, oncle et tante, plus près de Dieu ?
Pourtant à 62 ans elle pouvait vivre encore très longtemps ?
Non, sa mort n’est pas normale, des rumeurs on entend…
Notre sœur répétait à qui voulait bien l’entendre qu’elle partirait très loin…
Nous pensions à un possible déménagement vu son désir de partir du coin
Jacqueline devait partir aux sports d’hiver avec son ex mari comme d’habitude chaque année
Son fils prévoyant de venir avec les enfants, ce qui ne s’est pas fait, Jacqueline toute retournée
Peut-être à t’il suffit d’une engueulade entre eux pour tout déclencher, Jacqueline le prenant mal
Ayant peur de la solitude, d’un rejet affectif, l’alcool et les médicaments mélangés, c’était fatal !
En réalité Jacqueline ce jour là avait rendez-vous avec la mort, nos appels n’y pouvaient rien
Tout le monde la croyait partie, pas de réponse au digicode, aucun bruit, même son chien…
Jamais plus nous ne reviendrons dans l’appartement HLM de la banlieue proche de Rouen.
Un logement occupé en son temps par maman, nous-mêmes, puis Jacqueline dernièrement
Maintenant je n’ai plus de passé, que des souvenirs qui s’effilochent
Tous mes repères ont disparu, mon existence actuelle me paraît moche