Texte:Didine

Je l’aime bien, ma Didine !
au premier rayon du soleil
je la regarde toute fraiche encore
enveloppée dans sa toile
immobile
ses huit pattes étirées
et sa tête aux trente six yeux
encore toute fripée de sommeil

Elle est là, attentive, attendant…
Je lui fais un petit signe.
Elle ne l’a pas vu
je recommence
et je tapote un coin du brin de bois
qui l’abrite

Alors soudain elle se déchaine
fait la folle
c’est la danse des sept voiles ! ! !
dix, vingt tours sur elle-même…
elle me donne le tournis
puis elle s’arrête reprend son guet !
je recommence elle aussi.
Cela peut durer longtemps ! !

Je la laisse alors
et lui fais signe d’adieu
nous nous reverrons demain
même lieu même heure
fidèle Salomé !
toujours à tourbillonner ! !
on est devenus amis…

J’aime bien les araignées
les crapauds les orvets.
La nature les a mal servis !
Il y a comme ça de pauvres êtres qui
pour leur malheur
inspirent la peur !
mais moi, Didine, je l’aime bien
il me semble qu’on est devenus copains !

Beaucoup de pudeur entre nous :
je tapote son abri… elle danse ! !
il y a là quelque chose de rassurant
et je ne dis pas : araignée du matin, chagrin !
bien au contraire
et je pars content quand son ballet s’achève.

Mais lorsque je reviens le soir
je trouve Isabelle
toute fraiche et le balai en main
qui me dit
enfin la maison est propre ! !
j’ai enlevé toutes ces vilaines toiles…

pauvre Didine ! !