Prose:Va-T’en Mer…

C’est dans des flots d’écriture
Et le rythme des vagues
Que les conteurs d’Iroise
Peignent le vague à l’âme…
Peine. Mystère
Des pieux entêtants chavirent,
C’est la larme à l’œil que respirent
Les pontons qui se laissent emporter
Vers le large.
Des dunes d’écume rêche
Replètes à souhait
S’écrasent,
Et,
Sur les côtes, se morfondent
Les hommes…
Ne sait-on jamais
Où
Voguer au moindre appel côtier ?
Par les temps qui courent,
D’un lancinant sommeil
L’écueil menace
Et le phare est si loin.
Non point de torpeur
Pour les bulots
Qui n’ont point leur pareil
Pour parler de brûlots
Et bailler aux corneilles.
Non plus que de saumâtre
Et flasque noirceur.
Tout y est clair
Comme de l’eau de rivage.
Tous aussi sont en chair et en os.
Des noces
Habillent côte de bout en bout
Quand la marée haute
S’ébroue sous le tabac d’un nuage.
Noces et
Pétoncles barbotent à l’aise dans le bain…
Grisant
Compères
Se mirent
En la flaque
Où sévit
Un ramasseur transi.
L’humain navigue
D’un bout à l’autre des rochers
Et
Gratte la pierre d’une pique
Récolte la sève gelée
D’un oursin à l’orgueil mutique…
Dans son panier : au frais.
C’est le mareyeur
Qui se fait belle adresse
Et bon teint de pêche
Petit pain de commerce
De cette piautre indue…
Y pataugent avec liesse
Les âmes saugrenues,
Chacune humblement.
Dans le pire,
Il faudra
Fendre la timbale
Et le casque, fourbir
Puis tomber les phalères, les bas, les cuirasses et les jambières
Pour baiser d’étonnement
Ce sol si replet
De vase grasse, de veaux gras, de vers d’un gris pâle et plats,
Ou de calebasses échouées-ci par des vents calamiteux…
On gagnera la presqu’isle, le Floch
Largué dans les lambeaux de pluie drue
Et
De grâce et de bile,
Un vieux moussaillon ira son esquif
Grattouiller à son tour la marée,
Là-bas au loin sur le récif
Déjeté.
Les hauts fonds y sont propices
A laper le précipice
Des plus noirs abysses
Sans isthme.
Ce n’est pas tant que j’aime
Ce cortège de vies ;
Ce - oh ! cette, ces mises en scène !
Mais
La blancheur cassée des bateaux
La rouille sur les chenaux et les ancres
Les sextants perdant le Nord,
Le boutoir des déferlantes
Et
Le gris des dunes sur des mines pleureuses
Me plaisent
Depuis mes premiers jours.
Y suis-je né ? j’en rie, mais je ne sais…
Y ai-je vécu ? par quel prodige ?
Y ai-je aimé ? ça je l’inflige !
A tout étranger.