Poème:La Misère

Misère féroce sous les charges du diable,
Tu frelates nos joies en rude cruauté.
Misère enflammée aux feux de toute beauté,
Nourrit d’un vent d’égo, souffle l’insatiable.

Misère folle de ces trottoirs belliqueux,
Exulte la mort des insalubres sourires.
Misère des heureux en ce Havre des rires,
Qui sans sourire fuient l’antre délictueux.

Misère aux caprices d’une vile existence,
Enviée des pauvres oubliés des froideurs.
Misère d’un poupon pourvu d’amples rondeurs,
Qui dans l’opulence déni toute pitance.

Misère, misère, relent d’effluve amer
Règne en nos esprits par de grandes duperies.
Misère affable vêtue de supercheries,
Tu entends ce monde d’une oreille-de-mer.

Misère tueuse quand mon bonheur se lève,
Ai-je le droit de te considérer ainsi.
Misère hautaine d’un espoir aminci,
D’une disgrâce, qui fustige mon doux rêve.

Misère de l’orgueil né des religions,
Du savoir induire en grande miséricorde.
Misère flagrante dompte la frêle corde,
D’heureux trépassés qui meurent en légions.

Misère rapine, d’allure victimaire,
Couvre de ses trésors toute la pauvreté.
Misère pauvresse, soupçon de pureté,
Souffre l’ascète, ici, en récipiendaire.

Misère éhontée d’un mensonge mondain,
Avale sans répit les richesses du monde.
Misère à la source d’une pensée immonde,
S’insurge dans le cœur d’un fervent effronté.

Misère, relief des conditions humaines,
Tu es l’égrégore de peuples insolents.
Misère funeste des enfants indolents,
Qui abreuvent toutes vindictes de la haine.

Misère, tu rudoies les espaces figés,
De ce morne hiver glacial et mortuaire.
Misère, tu hantes alors les sanctuaires,
De ces gens moribonds aux grands airs affligés.

Misère implacable, ton charme fou m’entête,
La fange est le royaume d’un grand idéal.
Misère obscure, piégée d’un accord royal,
Stupeur des temps lointains qui agite la Bête.