Univers de poésie d'un auteur

Prose:Crachat

La Prose

La première fois qu’on m’a craché dessus, je devais avoir 5 ans et ce n’était sans doute que des mots. En fait je ne m’en souviens pas vraiment, sur le coup ça ne m’a pas vraiment atteint. Quand j’y repense, c’est à la troisième personne que je visionne la scène qu’on m’a décrit dans mon enfance. Je n’avais pas compris la haine que ce message transportait, enfin pour eux, ce n’était qu’une normalité. A vrai dire si je pense que c’est la première fois, ce n’est que parce que mon souvenir me le permet. Il doit y avoir eu d’autres fois bien avant celle ci, mais je ne m’en rappel plus. Pour moi ce ne fut qu’un peu d’eau salée et j’aurais pu dire que ce fut gentil de leur part, de me donner ce qu’ils gardent au fond d’eux dans leur gosier, de me donner une partie d’eux même.
En grandissant j’ai commencé à comprendre ce que signifiait le crachat. Mais pour moi, c’était seulement la volonté d’exprimer quelque chose autrement qu’avec les mots, alors j’ai toujours été curieux de savoir ce qui poussait les gens à agir ainsi, ils devaient vraiment avoir quelque chose en eux de noirci, quelque chose au goût répugnant pour le rejeter ainsi. Je comprends, moi aussi quand j’ai mal à la gorge, je crache pour ne pas avaler. Il doit y avoir beaucoup de malades dans ces rues, parce que même leurs regards semblent cracher leurs maux. Et le faire sur les autres doit avoir des aspects vertueux, parce que les faces des gens en sont plus imprégnées que le caniveau lui même.
A l’école on m’a parlé du pouvoir de l’harmonie, j’étais tellement enjoué de cette vision de la chose que je ne voyais plus que les gens dans la symbiose qui les lie. Ils ont tellement en commun. Les voir déambuler dans les rues d’une manière commune me confortait, car c’était pour moi la preuve que chacun avait pu concevoir sa façon de se mouvoir dans l’aspect des autres. Petit à petit j’ai commencé à me dire que cette ressemblance ne venait pas d’une volonté harmonique, mais d’une mode dictée. Il fallait marcher ainsi pour être une vraie personne. Ceux qui arpentent d’un pas lent n’étaient que des reclus de la société, sans avenir. Mais l’harmonie résonnait en moi comme une évidence de la direction que l’humanité devrait prendre pour se laver de ses maux, pour ne plus avoir à cracher.
Plus je grandissais et plus je voyais les gens se cracher dessus. Je n’ai pas compris sur le coup, se faire cracher dessus était tellement désagréable que je n’aurais jamais imaginer les gens le reproduire. Je me suis dit qu’ils avaient leurs raisons, peut-être un dieu avait dit que cracher s’était répandre son amour sur le monde. Je pouvais bien y croire, mais quand on me crachait dessus, je ne voyais guère de trace d’amour. Ou peut-être que les gens étaient tous malades, qu’ils avaient besoin de cracher parce qu’avaler leur faisait mal. Mais j’ai vu gravé sur les murs : « je crache sur les moindres ». Je n’ai jamais compris ce qu’étaient les moindres. Seraient-ce des gens qui se déshydratent, qui ont besoin de la salive des autres pour vivre ? Dans ce cas je leur aurais volontiers craché dessus, surtout mes jours de mal de gorge. Mais je n’ai jamais pu identifier les moindres, pour moi tout le monde est pareil, peut être les moindres sont ceux qui ne crachent pas. Mais voyant ces mots, j’ai compris qu’on pouvait cracher le mal sans salive.
Plus tard, quand on m’a donné le nom d’adolescent, moi qui ne crachais toujours pas, j’ai vécu une vie d’isolement. Ma salive avait bon goût je la gardais pour moi. Mais j’ai très bien vu que ceux qui crachaient sur les autres étaient les maîtres de la récréation. Et c’est sur les gens comme moi qu’on crachait. Je me suis senti perdu, comme si je n’avais jamais compris cette notion de cracher. Peut être était-ce un rite de passage pour être important ? Celui qui crachait le plus sur les autres était respecté, par ce qu’il prenait ce pouvoir, parce qu’il avait la force d’offrir sa salive sur les gens qui ne la gardaient que pour eux. Et j’ai commencé à cracher, pour être respecté à mon tour. D’abord tout seul, pour me vider de la bave des autres qui m’avait inondé de larmes, qui m’avait humilié de salive. Je ne faisais que postillonner, je ne savais pas comment faire, sûrement parce que je ne savais pas vraiment pourquoi.
En grandissant, j’ai découvert une nouvelle saveur à la salive, bien plus délicieuse que celle que l’on impose. Quand la salive est volontairement partagée, elle est mille fois meilleure. Elle avait le nom d’une fleur, et l’eau de sa bouche, pour moi, en avait le goût. C’était la première fois que je goûtais la salive avec mon propre accord et j’en fut tellement émoustillé que je me demandais pourquoi les gens imposait leur bave d’un geste méprisant, plutôt que de la partager avec tendresse, c’est tellement mieux, et puis ça reste chaud. Mais peu après cette fabuleuse aventure, alors que le temps des échanges salivaires consentants était fini, je recevais de plus en plus de crachat sur mon visage, à tel point que je venais à l’école avec plusieurs mouchoirs et repartais malgré tout le visage bien humide.
Ça m’a toujours étonné que les gens crachent alors qu’on ne faisait que leur apprendre à avaler. Peut-être que si on leur apprenait à cracher, ils se mettraient à avaler. Je ne savais plus trop où me mettre. Je sentais bien qu’en crachant sur les autres, (car à cet âge j’avais déjà expérimenté la chose à plusieurs reprises) on ne tirait rien de vraiment bon si ce n’est une auto satisfaction de ne pas être le seul à se faire cracher dessus sans le revendiquer par la suite. Car à chaque crachat sur mes joues, c’était toute une partie de moi qui se noyait d’un mal amèrement salé, un mal que je traînais dans ma gorge. La seule façon pour moi de me sentir mieux, c’était de cracher à mon tour, sur des âmes à la salive faible, comme ça, ils ne pouvaient me cracher dessus en retour. J’ai eu un sentiment de satisfaction, je me purgeais sur les autres et les autres pouvaient en pâtir, cela ne changerait rien. Je crachais sur la face de tous, parce que ma propre face fut le bavoir des autres.
Pourtant je ressentais un certain mal être et je me disais que c’était mal, dans un sens. On m’avait toujours appris les vertus d’avaler, de chercher à comprendre pourquoi la salive des autres n’avaient pas le même goût. Et c’est bien plus tard, toujours à l’école, que j’ai compris qu’il y a un goût pour chaque bave, mais que ce goût ne peut être perçu que s’il est échangé. Les salives qu’on crache, elles, ont toujours le même goût et il n’est jamais agréable pour celui qui le reçoit.
Et puis j’ai grandi… malgré moi… j’ai vu que le crachat n’était pas un jeu, ne montrait aucune force, au contraire, seulement une haine qu’on n’en peut plus de transporter, parce qu’on n’a pas assez avalé, alors on ne sait faire que cracher. Enfin je devais croire à ça car si les gens crachaient volontairement par choix… il n’y avait plus aucune raison d’espérer. J’ai vu des gens qui ne prenaient pas beaucoup de douches, ils devaient se contenter de tous les crachats de ces milliers de passants qui ne les regardaient même pas. Ceux là étaient devenus des êtres sur qui cracher n’avait pas même besoin de rage ou d’une autre justification pour être raisonnable. Alors ces gens se mêlaient entre la salive et l’eau du caniveau, vu ainsi, ils ne pouvaient mourir de soif…
J’ai longtemps pensé que cracher était une façon de s’imposer, et c’est sûrement le cas, bien que ça semble comprendre le mépris des autres. Mais je pensais que c’était un truc d’enfant, un truc d’ados. En grandissant j’ai vu les cracheurs se multiplier. Avant, c’était une chose malsaine aux yeux de tous. L’école nous le disait, les parents et la morale aussi. Même les dieux nous l’avaient appris. Et quand je regarde la nature, je ne vois rien qui crache sur quoi que ce soit. Mon chat crache parfois, mais ça n’a rien à voir, c’est une mise en garde, pas un déni gratuit. Dans les rues, là où les adultes sont des centaines, on peut vous cracher dessus si vous ne répondez pas aux attentes, ou tout simplement parce qu’on n’est pas d’accord avec ce que vous faites… ou pire… ce que vous êtes.
Aujourd’hui cracher est une chose normale, tout le monde se crache dessus, c’est devenu plus habituel que de dire bonsoir. D’ailleurs, si vous dites bonsoir, attendez vous à vous faire cracher dessus. Il y a même maintenant, mille façons, indirect ou non, de répandre sa salive. Ça se fait parfois à travers des écrans, il y en a même qui se donnent rendez vous pour se cracher dessus mutuellement, à tour de rôle, et on invite le peuple à les regarder. Le peuple accepte au travers de l’écran, car les postillons ne les éclaboussent pas. Entre temps y a des courts métrages qui leur disent que cracher avec Simply est plus accessible, mais qu’avec Goldenstuff c’est de la qualité avec un goût cannelle.
Dans les rues je porte un masque, pour ne pas contracter la haine qu’on me souffle à la face, ce mépris au goût humide. Avoir 5 ans ou 50 ne change rien, les gens se sont mis à cracher parce qu’on leur a craché dessus, si bien qu’ils ne savent plus vraiment pourquoi. C’est devenu une coutume, une tradition. Parler c’est tabou.
Il y en a des milliers qui se croisent dans les rues, pas un mot, pas un regard, il n’y a plus que l’indigeste de ces litres de crachats imposés. Les habitants, à force de voir leurs visages souillés de la bave d’autrui ont considéré qu’ils se laveraient plus facilement en crachant à leur tour, plutôt qu’en avalant. Mais avaler c’est comprendre… avaler c’est accorder à l’autre que sa bave à bien du goût, même si on ne l’apprécie pas, c’est toujours mieux que recevoir sur sa face, l’acide mépris de l’inconnu.
Alors les gens échangent leur bave avec une ou deux personnes, ils cuisinent la salive de leurs proches, et après ce bon repas, vont cracher tous leurs maux sur le premier venu… personne n’aime ça, tous savent qu’avaler c’est bien mieux et que si tout le monde avalait on n’aurait plus à se laver le visage avec des mouchoirs… pourtant les gens crachent encore… ils attendent sûrement que tout le monde arrête de cracher pour arrêter à leur tour. Qu’importe le mal qu’ils répandent, pourvu que leurs visages restent secs… Et voila que la beauté des visages se dissout de leurs propres salives. Les gens ont grandi en se faisant cracher dessus, alors ils crachent à leur tour, sachant très bien le mal que ça fait. Les choses sont ainsi disent-ils, on n’y peut rien, vis ta vie en évitant les crachats et fait comme tout le monde, si le monde se crache dessus, c’est qu’il y a une raison. Ils ne la connaissent pas, mais ils continuent à cracher.
Moi je n’avale plus j’ai trop mal à la gorge… je ne crache plus non plus ça me répugne, et j’ai parfois l’impression d’être le seul. Moi je pleure, parce qu’au moins, je ne souille pas les autres avec mon mal, c’est déjà ça de moins pour eux… je pleure et je me retiens de vomir, parce que je ne voudrais pas que ça remplace les crachats.
Et puis parfois… je dis même bonsoir
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Poeme de Kabda

Poète Kabda

Kabda a publié sur le site 66 écrits. Kabda est membre du site depuis l'année 2012.

Syllabation De L'Écrit

Phonétique : Crachatla pʁəmjεʁə fwa kɔ̃ ma kʁaʃe dəsy, ʒə dəvεz- avwaʁ sɛ̃k ɑ̃ e sə netε sɑ̃ dutə kə dε mo. ɑ̃ fε ʒə nə mɑ̃ suvjɛ̃ pa vʁεmɑ̃, syʁ lə ku sa nə ma pa vʁεmɑ̃ atɛ̃. kɑ̃ ʒi ʁəpɑ̃sə, sεt- a la tʁwazjεmə pεʁsɔnə kə ʒə vizjɔnə la sεnə kɔ̃ ma dekʁi dɑ̃ mɔ̃n- ɑ̃fɑ̃sə. ʒə navε pa kɔ̃pʁi la-εnə kə sə mesaʒə tʁɑ̃spɔʁtε, ɑ̃fɛ̃ puʁ ø, sə netε kynə nɔʁmalite. a vʁε diʁə si ʒə pɑ̃sə kə sε la pʁəmjεʁə fwa, sə nε kə paʁsə kə mɔ̃ suvəniʁ mə lə pεʁmε. il dwa i avwaʁ y dotʁə- fwa bjɛ̃ avɑ̃ sεllə si, mε ʒə nə mɑ̃ ʁapεl plys. puʁ mwa sə nə fy kœ̃ pø do sale e ʒoʁε py diʁə kə sə fy ʒɑ̃til də lœʁ paʁ, də mə dɔne sə kil ɡaʁde o fɔ̃ dø dɑ̃ lœʁ ɡozje, də mə dɔne ynə paʁti dø mεmə.
ɑ̃ ɡʁɑ̃disɑ̃ ʒε kɔmɑ̃se a kɔ̃pʁɑ̃dʁə sə kə siɲifjε lə kʁaʃa. mε puʁ mwa, setε sələmɑ̃ la vɔlɔ̃te dεkspʁime kεlkə ʃozə otʁəmɑ̃ kavεk lε mo, alɔʁ ʒε tuʒuʁz- ete kyʁjø də savwaʁ sə ki pusε lε ʒɑ̃z- a aʒiʁ ɛ̃si, il dəvε vʁεmɑ̃ avwaʁ kεlkə ʃozə ɑ̃n- ø də nwaʁsi, kεlkə ʃozə o ɡu ʁepyɲɑ̃ puʁ lə ʁəʒəte ɛ̃si. ʒə kɔ̃pʁɑ̃, mwa osi kɑ̃ ʒε mal a la ɡɔʁʒə, ʒə kʁaʃə puʁ nə pa avale. il dwa i avwaʁ boku də maladə dɑ̃ sε ʁy, paʁsə kə mεmə lœʁ ʁəɡaʁd sɑ̃ble kʁaʃe lœʁ mo. e lə fεʁə syʁ lεz- otʁə- dwa avwaʁ dεz- aspε vεʁtɥø, paʁsə kə lε fasə dε ʒɑ̃z- ɑ̃ sɔ̃ plysz- ɛ̃pʁeɲe kə lə kanivo lɥi mεmə.
a lekɔlə ɔ̃ ma paʁle dy puvwaʁ də laʁmɔni, ʒetε tεllmɑ̃ ɑ̃ʒue də sεtə vizjɔ̃ də la ʃozə kə ʒə nə vwajε plys kə lε ʒɑ̃ dɑ̃ la sɛ̃bjozə ki lε li. ilz- ɔ̃ tεllmɑ̃ ɑ̃ kɔmœ̃. lε vwaʁ deɑ̃byle dɑ̃ lε ʁy dynə manjεʁə kɔmynə mə kɔ̃fɔʁtε, kaʁ setε puʁ mwa la pʁəvə kə ʃakœ̃ avε py kɔ̃səvwaʁ sa fasɔ̃ də sə muvwaʁ dɑ̃ laspε dεz- otʁə. pəti a pəti ʒε kɔmɑ̃se a mə diʁə kə sεtə ʁəsɑ̃blɑ̃sə nə vənε pa dynə vɔlɔ̃te-aʁmɔnikə, mε dynə mɔdə dikte. il falε maʁʃe ɛ̃si puʁ εtʁə ynə vʁε pεʁsɔnə. sø ki aʁpɑ̃te dœ̃ pa lɑ̃ netε kə dε ʁəklys də la sɔsjete, sɑ̃z- avəniʁ. mε laʁmɔni ʁezɔnε ɑ̃ mwa kɔmə ynə evidɑ̃sə də la diʁεksjɔ̃ kə lymanite dəvʁε pʁɑ̃dʁə puʁ sə lave də sε mo, puʁ nə plysz- avwaʁ a kʁaʃe.
plys ʒə ɡʁɑ̃disεz- e plys ʒə vwajε lε ʒɑ̃ sə kʁaʃe dəsy. ʒə nε pa kɔ̃pʁi syʁ lə ku, sə fεʁə kʁaʃe dəsyz- etε tεllmɑ̃ dezaɡʁeablə kə ʒə noʁε ʒamεz- imaʒine lε ʒɑ̃ lə ʁəpʁɔdɥiʁə. ʒə mə sɥi di kilz- avε lœʁ ʁεzɔ̃, pø tεtʁə œ̃ djø avε di kə kʁaʃe setε ʁepɑ̃dʁə sɔ̃n- amuʁ syʁ lə mɔ̃də. ʒə puvε bjɛ̃ i kʁwaʁə, mε kɑ̃t- ɔ̃ mə kʁaʃε dəsy, ʒə nə vwajε ɡεʁə də tʁasə damuʁ. u pø tεtʁə kə lε ʒɑ̃z- etε tus maladə, kilz- avε bəzwɛ̃ də kʁaʃe paʁsə kavale lœʁ fəzε mal. mε ʒε vy ɡʁave syʁ lε myʁ : « ʒə kʁaʃə syʁ lε mwɛ̃dʁəs ». ʒə nε ʒamε kɔ̃pʁi sə ketε lε mwɛ̃dʁə. səʁε sə dε ʒɑ̃ ki sə dezidʁate, ki ɔ̃ bəzwɛ̃ də la salivə dεz- otʁə- puʁ vivʁə ? dɑ̃ sə ka ʒə lœʁ oʁε vɔlɔ̃tje kʁaʃe dəsy, syʁtu mε ʒuʁ də mal də ɡɔʁʒə. mε ʒə nε ʒamε py idɑ̃tifje lε mwɛ̃dʁə, puʁ mwa tu lə mɔ̃də ε paʁεj, pø εtʁə lε mwɛ̃dʁə- sɔ̃ sø ki nə kʁaʃe pa. mε vwajɑ̃ sε mo, ʒε kɔ̃pʁi kɔ̃ puvε kʁaʃe lə mal sɑ̃ salivə.
plys taʁ, kɑ̃t- ɔ̃ ma dɔne lə nɔ̃ dadɔlesɑ̃, mwa ki nə kʁaʃε tuʒuʁ pa, ʒε veky ynə vi dizɔləmɑ̃. ma salivə avε bɔ̃ ɡu ʒə la ɡaʁdε puʁ mwa. mε ʒε tʁε bjɛ̃ vy kə sø ki kʁaʃε syʁ lεz- otʁəz- etε lε mεtʁə- də la ʁekʁeasjɔ̃. e sε syʁ lε ʒɑ̃ kɔmə mwa kɔ̃ kʁaʃε. ʒə mə sɥi sɑ̃ti pεʁdy, kɔmə si ʒə navε ʒamε kɔ̃pʁi sεtə nɔsjɔ̃ də kʁaʃe. pø εtʁə etε sə œ̃ ʁitə də pasaʒə puʁ εtʁə ɛ̃pɔʁtɑ̃ ? səlɥi ki kʁaʃε lə plys syʁ lεz- otʁəz- etε ʁεspεkte, paʁ sə kil pʁənε sə puvwaʁ, paʁsə kil avε la fɔʁsə dɔfʁiʁ sa salivə syʁ lε ʒɑ̃ ki nə la ɡaʁdε kə puʁ ø. e ʒε kɔmɑ̃se a kʁaʃe, puʁ εtʁə ʁεspεkte a mɔ̃ tuʁ. dabɔʁ tu səl, puʁ mə vide də la bavə dεz- otʁə- ki mavε inɔ̃de də laʁmə, ki mavε ymilje də salivə. ʒə nə fəzε kə pɔstijɔne, ʒə nə savε pa kɔmɑ̃ fεʁə, syʁəmɑ̃ paʁsə kə ʒə nə savε pa vʁεmɑ̃ puʁkwa.
ɑ̃ ɡʁɑ̃disɑ̃, ʒε dekuvεʁ ynə nuvεllə savœʁ a la salivə, bjɛ̃ plys delisjøzə kə sεllə kə lɔ̃n- ɛ̃pozə. kɑ̃ la salivə ε vɔlɔ̃tεʁəmɑ̃ paʁtaʒe, εllə ε milə fwa mεjəʁə. εllə avε lə nɔ̃ dynə flœʁ, e lo də sa buʃə, puʁ mwa, ɑ̃n- avε lə ɡu. setε la pʁəmjεʁə fwa kə ʒə ɡutε la salivə avεk mɔ̃ pʁɔpʁə akɔʁ e ʒɑ̃ fy tεllmɑ̃ emustije kə ʒə mə dəmɑ̃dε puʁkwa lε ʒɑ̃z- ɛ̃pozε lœʁ bavə dœ̃ ʒεstə mepʁizɑ̃, plyto kə də la paʁtaʒe avεk tɑ̃dʁεsə, sε tεllmɑ̃ mjø, e pɥi sa ʁεstə ʃo. mε pø apʁε sεtə fabyløzə avɑ̃tyʁə, alɔʁ kə lə tɑ̃ dεz- eʃɑ̃ʒə salivεʁə kɔ̃sɑ̃tɑ̃z- etε fini, ʒə ʁəsəvε də plysz- ɑ̃ plys də kʁaʃa syʁ mɔ̃ vizaʒə, a tεl pwɛ̃ kə ʒə vənεz- a lekɔlə avεk plyzjœʁ muʃwaʁz- e ʁəpaʁtε malɡʁe tu lə vizaʒə bjɛ̃ ymidə.
sa ma tuʒuʁz- etɔne kə lε ʒɑ̃ kʁaʃe alɔʁ kɔ̃ nə fəzε kə lœʁ apʁɑ̃dʁə a avale. pø tεtʁə kə si ɔ̃ lœʁ apʁənε a kʁaʃe, il sə mεtʁε a avale. ʒə nə savε plys tʁo u mə mεtʁə. ʒə sɑ̃tε bjɛ̃ kɑ̃ kʁaʃɑ̃ syʁ lεz- otʁə, (kaʁ a sεt aʒə ʒavε deʒa εkspeʁimɑ̃te la ʃozə a plyzjœʁ ʁəpʁizəs) ɔ̃ nə tiʁε ʁjɛ̃ də vʁεmɑ̃ bɔ̃ si sə nεt- ynə oto satisfaksjɔ̃ də nə pa εtʁə lə səl a sə fεʁə kʁaʃe dəsy sɑ̃ lə ʁəvɑ̃dike paʁ la sɥitə. kaʁ a ʃakə kʁaʃa syʁ mε ʒu, setε tutə ynə paʁti də mwa ki sə nwajε dœ̃ mal amεʁəmɑ̃ sale, œ̃ mal kə ʒə tʁεnε dɑ̃ ma ɡɔʁʒə. la sələ fasɔ̃ puʁ mwa də mə sɑ̃tiʁ mjø, setε də kʁaʃe a mɔ̃ tuʁ, syʁ dεz- aməz- a la salivə fεblə, kɔmə sa, il nə puvε mə kʁaʃe dəsyz- ɑ̃ ʁətuʁ. ʒε y œ̃ sɑ̃timɑ̃ də satisfaksjɔ̃, ʒə mə pyʁʒε syʁ lεz- otʁəz- e lεz- otʁə- puvε ɑ̃ patiʁ, səla nə ʃɑ̃ʒəʁε ʁjɛ̃. ʒə kʁaʃε syʁ la fasə də tus, paʁsə kə ma pʁɔpʁə fasə fy lə bavwaʁ dεz- otʁə.
puʁtɑ̃ ʒə ʁəsɑ̃tεz- œ̃ sεʁtɛ̃ mal εtʁə e ʒə mə dizε kə setε mal, dɑ̃z- œ̃ sɑ̃s. ɔ̃ mavε tuʒuʁz- apʁi lε vεʁtys davale, də ʃεʁʃe a kɔ̃pʁɑ̃dʁə puʁkwa la salivə dεz- otʁə- navε pa lə mεmə ɡu. e sε bjɛ̃ plys taʁ, tuʒuʁz- a lekɔlə, kə ʒε kɔ̃pʁi kil i a œ̃ ɡu puʁ ʃakə bavə, mε kə sə ɡu nə pø εtʁə pεʁsy kə sil εt- eʃɑ̃ʒe. lε salivə kɔ̃ kʁaʃə, εllə, ɔ̃ tuʒuʁ lə mεmə ɡu e il nε ʒamεz- aɡʁeablə puʁ səlɥi ki lə ʁəswa.
e pɥi ʒε ɡʁɑ̃di… malɡʁe mwa… ʒε vy kə lə kʁaʃa netε pa œ̃ ʒø, nə mɔ̃tʁε okynə fɔʁsə, o kɔ̃tʁεʁə, sələmɑ̃ ynə-εnə kɔ̃ nɑ̃ pø plys də tʁɑ̃spɔʁte, paʁsə kɔ̃ na pa asez- avale, alɔʁz- ɔ̃ nə sε fεʁə kə kʁaʃe. ɑ̃fɛ̃ ʒə dəvε kʁwaʁə a sa kaʁ si lε ʒɑ̃ kʁaʃε vɔlɔ̃tεʁəmɑ̃ paʁ ʃwa… il ni avε plysz- okynə ʁεzɔ̃ dεspeʁe. ʒε vy dε ʒɑ̃ ki nə pʁənε pa boku də duʃə, il dəvε sə kɔ̃tɑ̃te də tus lε kʁaʃa də sε milje də pasɑ̃ ki nə lε ʁəɡaʁdε mεmə pa. sø la etε dəvənys dεz- εtʁə- syʁ ki kʁaʃe navε pa mεmə bəzwɛ̃ də ʁaʒə u dynə otʁə ʒystifikasjɔ̃ puʁ εtʁə ʁεzɔnablə. alɔʁ sε ʒɑ̃ sə mεlε ɑ̃tʁə la salivə e lo dy kanivo, vy ɛ̃si, il nə puvε muʁiʁ də swaf…
ʒε lɔ̃tɑ̃ pɑ̃se kə kʁaʃe etε ynə fasɔ̃ də sɛ̃poze, e sε syʁəmɑ̃ lə ka, bjɛ̃ kə sa sɑ̃blə kɔ̃pʁɑ̃dʁə lə mepʁi dεz- otʁə. mε ʒə pɑ̃sε kə setε œ̃ tʁyk dɑ̃fɑ̃, œ̃ tʁyk dado. ɑ̃ ɡʁɑ̃disɑ̃ ʒε vy lε kʁaʃœʁ sə myltiplje. avɑ̃, setε ynə ʃozə malsεnə oz- iø də tus. lekɔlə nu lə dizε, lε paʁɑ̃z- e la mɔʁalə osi. mεmə lε djø nu lavε apʁi. e kɑ̃ ʒə ʁəɡaʁdə la natyʁə, ʒə nə vwa ʁjɛ̃ ki kʁaʃə syʁ kwa kə sə swa. mɔ̃ ʃa kʁaʃə paʁfwa, mε sa na ʁjɛ̃ a vwaʁ, sεt- ynə mizə ɑ̃ ɡaʁdə, pa œ̃ deni ɡʁatɥi. dɑ̃ lε ʁy, la u lεz- adyltə sɔ̃ dε sɑ̃tεnə, ɔ̃ pø vu kʁaʃe dəsy si vu nə ʁepɔ̃de pa oz- atɑ̃tə, u tu sɛ̃pləmɑ̃ paʁsə kɔ̃ nε pa dakɔʁ avεk sə kə vu fεtə… u piʁə… sə kə vuz- εtə.
oʒuʁdɥi kʁaʃe εt- ynə ʃozə nɔʁmalə, tu lə mɔ̃də sə kʁaʃə dəsy, sε dəvəny plys-abitɥεl kə də diʁə bɔ̃swaʁ. dajœʁ, si vu ditə bɔ̃swaʁ, atɑ̃de vuz- a vu fεʁə kʁaʃe dəsy. il i a mεmə mɛ̃tənɑ̃, milə fasɔ̃, ɛ̃diʁεkt u nɔ̃, də ʁepɑ̃dʁə sa salivə. sa sə fε paʁfwaz- a tʁavεʁ dεz- ekʁɑ̃, il i ɑ̃n- a mεmə ki sə dɔne ʁɑ̃de vu puʁ sə kʁaʃe dəsy mytɥεllmɑ̃, a tuʁ də ʁolə, e ɔ̃n- ɛ̃vitə lə pəplə a lε ʁəɡaʁde. lə pəplə aksεptə o tʁavεʁ də lekʁɑ̃, kaʁ lε pɔstijɔ̃ nə lεz- eklabuse pa. ɑ̃tʁə tɑ̃z- i a dε kuʁ metʁaʒə ki lœʁ dize kə kʁaʃe avεk sɛ̃pli ε plysz- aksesiblə, mε kavεk ɡɔldɑ̃styf sε də la kalite avεk œ̃ ɡu kanεllə.
dɑ̃ lε ʁy ʒə pɔʁtə œ̃ maskə, puʁ nə pa kɔ̃tʁakte la-εnə kɔ̃ mə suflə a la fasə, sə mepʁiz- o ɡu ymidə. avwaʁ sɛ̃k ɑ̃ u sɛ̃kɑ̃tə nə ʃɑ̃ʒə ʁjɛ̃, lε ʒɑ̃ sə sɔ̃ miz- a kʁaʃe paʁsə kɔ̃ lœʁ a kʁaʃe dəsy, si bjɛ̃ kil nə save plys vʁεmɑ̃ puʁkwa. sε dəvəny ynə kutymə, ynə tʁadisjɔ̃. paʁle sε tabu.
il i ɑ̃n- a dε milje ki sə kʁwaze dɑ̃ lε ʁy, pa œ̃ mo, pa œ̃ ʁəɡaʁ, il ni a plys kə lɛ̃diʒεstə də sε litʁə- də kʁaʃaz- ɛ̃poze. lεz- abitɑ̃, a fɔʁsə də vwaʁ lœʁ vizaʒə suje də la bavə dotʁɥi ɔ̃ kɔ̃sideʁe kil sə lavəʁε plys fasiləmɑ̃ ɑ̃ kʁaʃɑ̃ a lœʁ tuʁ, plyto kɑ̃n- avalɑ̃. mεz- avale sε kɔ̃pʁɑ̃dʁə… avale sεt- akɔʁde a lotʁə kə sa bavə a bjɛ̃ dy ɡu, mεmə si ɔ̃ nə lapʁesi pa, sε tuʒuʁ mjø kə ʁəsəvwaʁ syʁ sa fasə, lasidə mepʁi də lɛ̃kɔny.
alɔʁ lε ʒɑ̃z- eʃɑ̃ʒe lœʁ bavə avεk ynə u dø pεʁsɔnə, il kɥizine la salivə də lœʁ pʁoʃə, e apʁε sə bɔ̃ ʁəpa, vɔ̃ kʁaʃe tus lœʁ mo syʁ lə pʁəmje vəny… pεʁsɔnə nεmə sa, tus save kavale sε bjɛ̃ mjøz- e kə si tu lə mɔ̃də avalε ɔ̃ noʁε plysz- a sə lave lə vizaʒə avεk dε muʃwaʁ… puʁtɑ̃ lε ʒɑ̃ kʁaʃe ɑ̃kɔʁə… ilz- atɑ̃de syʁəmɑ̃ kə tu lə mɔ̃də aʁεtə də kʁaʃe puʁ aʁεte a lœʁ tuʁ. kɛ̃pɔʁtə lə mal kil ʁepɑ̃de, puʁvy kə lœʁ vizaʒə ʁεste sεk… e vwala kə la bote dε vizaʒə sə disu də lœʁ pʁɔpʁə- salivə. lε ʒɑ̃z- ɔ̃ ɡʁɑ̃di ɑ̃ sə fəzɑ̃ kʁaʃe dəsy, alɔʁz- il kʁaʃe a lœʁ tuʁ, saʃɑ̃ tʁε bjɛ̃ lə mal kə sa fε. lε ʃozə sɔ̃t- ɛ̃si dize til, ɔ̃ ni pø ʁjɛ̃, vis ta vi ɑ̃n- evitɑ̃ lε kʁaʃaz- e fε kɔmə tu lə mɔ̃də, si lə mɔ̃də sə kʁaʃə dəsy, sε kil i a ynə ʁεzɔ̃. il nə la kɔnεse pa, mεz- il kɔ̃tinɥe a kʁaʃe.
mwa ʒə navalə plys ʒε tʁo mal a la ɡɔʁʒə… ʒə nə kʁaʃə plys nɔ̃ plys sa mə ʁepyɲə, e ʒε paʁfwa lɛ̃pʁesjɔ̃ dεtʁə lə səl. mwa ʒə plœʁə, paʁsə ko mwɛ̃, ʒə nə sujə pa lεz- otʁəz- avεk mɔ̃ mal, sε deʒa sa də mwɛ̃ puʁ ø… ʒə plœʁə e ʒə mə ʁətjɛ̃ də vɔmiʁ, paʁsə kə ʒə nə vudʁε pa kə sa ʁɑ̃plasə lε kʁaʃa.
e pɥi paʁfwa… ʒə di mεmə bɔ̃swaʁ

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Commentaires Sur La Poesie

Auteur de Poésie
04/05/2015 15:43Delideal

OK, c’est dégueulasse, mais je ne sais si ça mérite tout ce débat. Moi, ça m’arrive seulement quand je cours dans le nature, et qu’il n’y a personne autour. J’ai les poumons fragiles, et c’est parfois pratique que de pouvoir les nettoyer... C’est tout. Ensuite, à ceux qui crachent sur les autres, ça mériterait au moins un coup de poing, tellement c’est dévalorisant et humiliant, on devrait pouvoir se défendre avec les poings et le mettre à terre, sans risquer de peine judiciaire... Mais bon, va prouver que c’est lui le premier à t’agresser par un crachat.

Auteur de Poésie
04/05/2015 16:02Kabda

En fait dans ce texte, cracher n’est qu’une image, pour signifier mépriser.

Auteur de Poésie
05/05/2015 09:04Coburitc

En Chine, les crachats vous obligent à sauter pour les éviter, un petit coup de tête et voilà le crachat qui part !
Amitié
Jean-Pierre